Mes premières photos sont survenues sans crier gare.
Un besoin vital de donner à voir l’intense, le beau, en garder un trace, comme pour ne pas oublier, se donner du courage et apprivoiser la mélancolie.
Alors tout est possible.
Même ce rêve insensé d’un paradis perdu enfin retrouvé.
Emma Barthere
Si l’on parle d’écoféminisme, cela fait longtemps, et sans en faire discours, que le travail d’Emma Barthère creuse un sillon parallèle. Elle recueille les inondations émotionnelles et éthiques qui bouillonnent en elle comme en un écosystème sous conditions climatiques extrêmes. Car c’est cela que demande la photographe à ses modèles, une espèce de mise à l’épreuve pour opérer une forme de descente en soi.
Le travail d’Emma Barthere ressemble à une version de la Divine Comédie au féminin,
une errance dans un autre Au-delà, où il ne s’agit ni d’Enfer, ni de Paradis, ni de Purgatoire, mais d’un inframonde où la chair et la neige, l’eau de mer et l’haleine constituent un paysage intérieur à parcourir, en quête d’un chemin où la cathédrale est en plein ciel, sans autre colonnade que les arbres, sans autre muraille que les falaises, une Dante chamanique menée par la Sorcière en guise de Virgile, et qui commencerait aussi par un cri d’égarement jailli du milieu du chemin, au milieu de la forêt obscure de la vie…
Lancelot Hamelin